LIVRE

Absence, présence
Eric Manguelin rencontre
Alain Hervéou

 

Alain Hervéou – Rencontre du 12 juillet 2000
Avant de réaliser, en 1991, ce premier travail d’autoportrait, qui porte à la fois des interrogations esthétiques et un sens, j’avais fait des choses très académiques. Cette série compte dix planches, dix travaux qui essaient d’interroger l’être, à travers les notions « d’essence » et « d’apparence » individuelles, qui s’explicitent ici par le noir et blanc et la couleur, le noir et blanc étant représentatif de l’essence, la couleur étant représentative de l’apparence. Il s’agissait pour moi en quelque sorte d’essayer de concrétiser l’idée aristotélicienne du mixte de la puissance et de l’acte, du mixte ontologique de l’âme et du corps, et aller à l’encontre des sophistes qui posent que « l’homme est la mesure de toute chose ». Je sentais très bien que le sophiste allait dire : « Alain Hervéou debout et Alain Hervéou assis n’est pas le même Alain Hervéou » et allait défendre l’idée que tout est en perpétuel changement et en perpétuelle mouvance et qu’on peut en même temps rationaliser, délier ou discuter sur ce sujet. Le sens de ces autoportraits était donc de dire : « non, il y a une essence, et l’apparence ne change pas en fin de compte l’être profond ! ». Il est vrai qu’avec le temps, nous apprenons à moduler tout cela et nous apercevons que l’être se modifie quand même tout le temps : là encore, on ne peut pas nier les apparences et le sensible. Tant le spirituel que le sensible existent, et sont en liaison directe l’un avec l’autre. [...]