Je
livrais à Alain Herveou ce qui subsistait en
moi de ses images vues dans le passé : «
Vos photos sont comme des creux lumineux devant lesquels
on passe, comme des mystères découverts
en secret, faisant écho avec l’intimité
de chacun. Le spectateur sort de vos visions comme de
son propre rêve, ce qui explique le trouble qu’elles
peuvent susciter et faire perdurer…».
Il répondit clairement : «Les creux lumineux
dont vous parlez ramènent à l’essence
de la photographie, cet espace latent que la lumière
rend visible et sublime comme au moment du bing bang.
La photographie manifeste cet univers où surgissent
nos passions, et comme vous l’exprimez : nos secrets
intimes. De plus et c’est son statut, elle fait
état d’une réalité tangible.
D’où le dérangement qu’elle
suscite.».
A présent je découvre l’ensemble
de ses travaux : chaque photographie est une porte ouverte,
une nouvelle vague de silence s’étirant
sur un rivage. Je suis à la plage avec pour compagnons
l’espace et le temps infini, et je me laisse aller
à écouter le ressac de l’océan,
captive et apaisée, étonnée et
heureuse devant ces apparitions silencieuses.
Plus tard, j’assisterai à une nouvelle
expérience : la capture de l’éphémère
au moyen de l’appareil «Tortuga»,
belle boîte élaborée en bois roux,
instrument perfectionné de l’oiseleur,
posé là, au milieu des herbes hautes.
Là, j’attendrai… Quoi de mieux que
la disponibilité pour saisir l’instant
fugace ? Et je comprendrai le bonheur qui s’ensuit,
lorsque «l’événement »,
belle surprise espérée devient «présence
révélée ».