Rencontre avec le photographe Alain HERVEOU

La porte était ouverte alors je suis entrée…

 

Je livrais à Alain Herveou ce qui subsistait en moi de ses images vues dans le passé : « Vos photos sont comme des creux lumineux devant lesquels on passe, comme des mystères découverts en secret, faisant écho avec l’intimité de chacun. Le spectateur sort de vos visions comme de son propre rêve, ce qui explique le trouble qu’elles peuvent susciter et faire perdurer…».
Il répondit clairement : «Les creux lumineux dont vous parlez ramènent à l’essence de la photographie, cet espace latent que la lumière rend visible et sublime comme au moment du bing bang. La photographie manifeste cet univers où surgissent nos passions, et comme vous l’exprimez : nos secrets intimes. De plus et c’est son statut, elle fait état d’une réalité tangible. D’où le dérangement qu’elle suscite.».

A présent je découvre l’ensemble de ses travaux : chaque photographie est une porte ouverte, une nouvelle vague de silence s’étirant sur un rivage. Je suis à la plage avec pour compagnons l’espace et le temps infini, et je me laisse aller à écouter le ressac de l’océan, captive et apaisée, étonnée et heureuse devant ces apparitions silencieuses.

Plus tard, j’assisterai à une nouvelle expérience : la capture de l’éphémère au moyen de l’appareil «Tortuga», belle boîte élaborée en bois roux, instrument perfectionné de l’oiseleur, posé là, au milieu des herbes hautes. Là, j’attendrai… Quoi de mieux que la disponibilité pour saisir l’instant fugace ? Et je comprendrai le bonheur qui s’ensuit, lorsque «l’événement », belle surprise espérée devient «présence révélée ».

Florence Longin , 2010