Alain Hervéou

"Rêves, cauchemars et autres aventures…"

 

Je ne sais pas s'il est important de savoir si on rêve en couleurs ou en noir et blanc et si cela a un sens mais je sais qu'Alain HERVÉOU, lui rêve en couleurs. Si je sais cela ce n'est pas que je connaisse bien Alain (même si je l'appelle par son prénom) mais parce que je suis allé voir l'exposition "Rêves, cauchemars et autres aventures…" à la galerie Vrais Rêves.
Je sais que si les couleurs de ses photographies sont si particulières cela provient du procédé employé. Ces jaunes, ces verts, ces bruns à la fois diffus et dilués sont caractéristiques du Polaroïd. Mais ces Polaroïds, Alain HERVÉOU les colle, les mixte, les intègre afin de recréer un univers particulier, aux formes évanescentes, où lui seul évolue. Car dans chacune des photographies présentées, que ce soit des séries ou des œuvres uniques, revient une forme humaine visiblement de sexe masculin ( "erectio").
Cette forme devant être identifiée comme une image du corps nu du photographe. Ici ce travail rejoint le précédent car le corps y était déjà présent mais minuscule. Maintenant, il occupe une portion d'espace bien plus importante dans l'image. Pourtant cela ne le rend pas plus identifiable. Au contraire. Ce contour - car dépossédé de toute épaisseur on ne peut plus parler de corps - souvent de dos ou recroquevillé, devient neutre. Sans habits, il ne possède plus d'identité. Néanmoins, cette forme demeure pourvue d'une charge émotionnelle. Par la position du corps, l'orientation des membres, l'inclinaison de la tête, on devine les états par lesquels passe la figure d'Alain au cours de ses aventures. La contemplation, l'émerveillement, l'indifférence gênée nous sont très subtilement communiqués.
Dans ses rêveries, Alain HERVÉOU se retrouve toujours comprimé dans un espace sans profondeur. Il est alors confronté à d'autres figures, encore plus immatérielles que lui car ce sont des images d'images. Les sujets de ces mises en abîmes vont du désir à la haine dans un univers qui semble obéir à des règles et lois immuables. Cependant les doctrines fondatrices se chevauchent et les poupées Barbies sont aussi "vraies" que Léonard de Vinci, la religion ou la mythologie.

Xavier Crépin, 1997